La classe d'accueil

Compétence professionnelle 2, Compétence professionnelle 13

Photo: Archie Binamira
Photo: Archie Binamira

Cet automne, à plusieurs reprises, j'ai eu la chance de faire de la suppléance dans une classe d'accueil de la Commission scolaire Marie-Victorin. Lorsqu'on m'a communiqué le besoin d'une suppléante dans ce type de classe, j'ai tout de suite accepté. J'avais eu l'occasion d'entendre parler des classes d'accueil dans mon cours Éducation et pluriethnicité au Québec. On nous avait notamment fait écouter certains reportages documentaires qui montraient comment les journées se déroulaient dans les classes d'accueil. Je me souviens avoir eu une pensée me disant qu'il devait être inspirant d'enseigner aux enfants qui font partie de ces groupes. C'est pourquoi j'ai décidé de prendre cette opportunité qui me permettrait de voir, par moi-même, comment ça se déroule en classe d'accueil.

 

J'ai tout de suite été charmée par les enfants de ce groupe. Ils avaient cette motivation d'apprendre qui rendait mon travail encore plus signifiant. Même s'ils avaient de la difficulté avec le français, leur engagement témoignait d'une volonté d'apprendre, ce que j'ai trouvé magnifique. Bien sûr, cet aspect imposait une certaine limite de communication entre eux et moi, mais on trouvait toujours un moyen de se comprendre, soit par ceux qui parlaient la même langue maternelle et qui pouvait faire une traduction, ou encore par des gestes qui permettaient une communication non verbale. C'est aussi à ce moment que l'on prend conscience du rôle important que l'on a de bien communiquer à l'oral, puisqu'on agit comme premiers modèles pour ces enfants qui apprennent notre langue. Malgré tout, on sent tout de même que les enfants font de grands efforts pour l'apprendre et la maîtriser et, peut-être que je me trompe, mais cette motivation semble venir d'eux-mêmes (et non de leurs parents), ce qui est d'autant plus génial. J'ai eu la chance d'y retourner après quelque temps et l'amélioration des enfants pour ce qui est de l'apprentissage de la langue est très impressionnante.

 

Évidemment, les élèves de ces groupes sont à des niveaux complètement différents. Plusieurs d'entre eux arrivent en milieu d'année et commence à apprendre le français à ce moment, ce qui crée de grands écarts dans les niveaux de maîtrise de la langue entre les élèves. Cependant, ce n'est pas ce qui freine les enfants dans les relations qu'ils développent entre eux. J'ai l'impression qu'il est facile pour eux de se mettre dans la peau des nouveaux élèves puisqu'ils ont déjà été dans leur situation. Cela fait en sorte qu'une collaboration s'établit entre eux, sans même l'intervention d'un adulte. Il se développe ainsi de fortes amitiés au sein du groupe. Par contre, malgré le fait que de beaux liens se créent entre les élèves de la classe, il n'en est pas de même avec les autres élèves de l'école. En effet, lors de mes surveillances sur la cour d'école, pendant les récréations, j'ai observé que les élèves de la classe d'accueil se regroupent souvent ensemble, sans établir de contacts avec les élèves des autres groupes. Une situation m'ayant particulièrement marquée concernait un nouvel élève qui jouait seul avec un ballon de soccer, juste à côté du terrain où d'autres élèves des classes régulières pratiquaient ce même sport. Aucun d'entre eux n'a invité l'élève qui jouait seul à prendre part à leur jeu.  Cela peut probablement venir du fait qu'il y ait un manque d'ouverture de la part des autres élèves, tout comme il est probable que les élèves de la classe d'accueil soient eux-mêmes gênés de s'imposer par la contrainte de la langue avec laquelle ils doivent faire face.

 

Dans notre cours traitant de la pluriethnicité au Québec, plusieurs ressources destinées aux enseignants nous ont été présentées afin qu'on soit en mesure de sensibiliser les élèves de nos futures classes à la réalité que peuvent vivre les immigrants qui font leur entrée dans l'école. Une des ressources m'ayant interpellée est le site d'ÉLODiL (Éveil au Langage et Ouverture à la Diversité Linguistique). Ce site web propose une panoplie d'activités pédagogiques permettant de « [...] développer les compétences interculturelles et les compétences langagières des élèves » (Élodil, s.d.). Le site propose également des vidéos et des ouvrages de littératures jeunesse qui sont accompagnés de guides permettant de les utiliser à des fins pédagogiques. 

 

Un tout nouvel album jeunesse écrit par Élise Gravel traitant du thème des réfugiés peut également faire son petit bout de chemin dans nos classes. Ayant pour titre, C'est quoi un réfugié ?, cet album explique aux enfants ce qu'on entend derrière le terme de réfugié. On rappelle aussi que malgré les différentes situations vécues par ces personnes, elles sont toutes des êtres humains comme chacun de nous. 

 

Le Canada, étant une terre d'accueil reconnue, nous nous devons de tenir compte la pluriethnicité dans nos classes en la valorisant. Ainsi, c'est ce qui créera un mélange enrichissant et inspirant de plusieurs cultures. En plus de sensibiliser les élèves aux différentes réalités qui sont vécues dans le monde, ils comprendront peut-être mieux ce qu'auront vécu ceux qui seront assis à leurs côtés, et ce, tout au long de leur vie.